nous sommes partout

nous sommes partout

Présentation

…nous sommes partout, même dans le vide
…patience, patience… ça charge

Objet de paroles

Nous sommes partout collecte et partage des voix antifascistes, féministes, anticapitalistes, antiracistes, antispécistes, des paroles de hackeureuxses, des voix en lutte pour les droits des migranxtes, contre toutes les formes d’oppression de nos sociétés, pour les droits LGBTQIA+, contre les écocides, pour les droits des travailleureuxses du sexe, contre les violences policières, pour les droits des sans-papièrexs, pour l’autodétermination et l’émancipation de touxtes les travailleureuxses, contre la précarisation, contre le système carcéral et pour les ZAD.

Le projet est pensé comme un regroupement de ressources, une constellation de paroles. On y lit essentiellement des témoignages écrits pour l’occasion, des textes retravaillés ou des transcriptions de discussions orales auto-organisées.

L’ensemble des militanxtes et des collectifs ayant écrit pour Nous sommes partout ont reçu de l’argent en soutien à elleux et à leurs luttes. Le modèle économique du projet est celui des arts vivants subventionnés : Nous sommes partout prend aussi la forme de sessions d’écoute-lecture collectives, inspirées des arpentages anarcho-syndicalistes. La création de cette forme scénique co-produite par des institutions ainsi que sa tournée  permettent de lever les fonds nécessaires.

En cela, le projet essaie un dispositif de répartition et de collectivisation de son propre financement institutionnel. Les sessions de lecture, situées dans le champ culturel comme des « spectacles », mais dont le dispositif cherche à rester anti-spectaculaire, fondent la possibilité d’un soutien matériel et financier aux luttes sociales, y compris aux luttes anti-institutionnelles.

Toutes les personnes contribuant à la base de données sont pleinement informées de ce dispositif, du mode de financement comme de la forme scénique. Elles écrivent en sachant que leur texte pourra être lu à voix haute par toute personne s’étant inscrite pour participer à l’une de ces sessions participatives d’écoute-lecture.

Le Nous qui donne son titre au projet revendique le rêve d’une énergie agglomérée, d’une somme de Je qui écrivent en leur nom et d’autres Nous qui écrivent en collectif, ici et ailleurs, une constellation que le pronom n’uniformiserait pas. Heureusement, le Nous n’a pas le pouvoir de réduire les parties à un tout. Dans ce projet, le Nous fait apparaître les convergences, les synergies de centaines de voix qui sont autant de vecteurs d’un vaste mouvement de transformation.

Si la lutte est comme un cercle, sans début ni fin, alors partout et en tout temps Nous sommes là.

Expansion

À l’origine, Nous sommes partout est à l’initiative d’un collectif éditorial constitué de sept personnes baséexs en Suisse romande. La première phase de la collecte de textes s’est donc concentrée sur ce territoire politique. En octobre 2021, la base de données accueille 57 textes, tous publiés dans le livre  « Sauvegarde n°1 / Suisse romande », paru aux éditions Abrüpt.

D’autres sauvegardes viendront, car tant que le collectif éditorial parviendra à trouver des fonds, de nouveaux textes seront ajoutés sur la base de données. Ce processus rend l’édition augmentative; d’autres livres sortiront au fil de l’expansion de la collecte : une seconde sauvegarde, une troisième sauvegarde, etc. La taille et le volume croissants du pavé signifient matériellement le poids des luttes, et rendent le livre toujours plus susceptible de traverser des vitrines.

Nous sommes partout est destiné à s’étendre au-delà de son territoire suisse romand originel. D’autres collectifs, complices du groupe romand mais autonomes dans leur travail éditorial, ont entrepris de nouvelles collectes de textes en lutte, notamment en Suisse alémanique et dans le Nord de l’Italie.

Les textes de ces versions à venir seront ajoutés à la base de données centrale et publiés sous la forme de livres indépendants : d’autres sauvegardes centrées sur d’autres territoires politiques. La base de données essaiera de proposer les textes traduits dans autant de langues que possible, toujours de manière augmentative et au fil du temps.

Pour la première édition en Suisse romande, le groupe éditorial a d’abord rédigé un appel à contributions qui a circulé dans certains milieux militants, puis il s’est occupé des transcriptions, des relectures, de l’harmonisation typographique et des échanges avec les canaux de financement. Le groupe se charge également de l’organisation des sessions d’écoute-lecture dans les institutions (et de certaines sessions ayant lieu en dehors des institutions).

Le collectif logistique essaie de limiter au maximum toute intervention éditoriale autoritaire pour que Nous sommes partout reste centré sur son geste primordial : accueillir des voix. Nous voulons éviter de dessiner des lignes de force sculptant trop strictement le projet, nous essayons de lui laisser prendre la forme que lui donnent les contributions, sans intervenir. Notre intention est de socialiser des réflexions sur les pratiques militantes — dans les termes choisis par les très nombreuxses auteurixes. Nous croyons en la nécessité de l’échange et en l’agentivité des lecteurixes à qui nous adressons cette collecte protéiforme comme une interrogation sociale, critique et historique sur les combats qui structurent la société et sur la manière dont on peut lutter pour changer le réel.

Terrains

Nous sommes partout n’est ni un ouvrage de théorie critique, ni une enquête problématisée autour d’axes précis, ni une histoire structurée des combats d’un territoire spécifique. C’est une tentative d’édition participative, une somme de paroles qui relate l’immédiateté de luttes contemporaines, relevant d’une mise en texte de vécus pratiques et émotionnels.

Chaque texte, à sa manière et à son degré, est lié à l’expérience de l’action militante. Cette expérientialité se révèle sous différentes formes au fil des textes, de partages sensibles au sein de collectifs, de manières de vivre l’action directe ou encore de narrations centrées sur certains moments de vie considérés par les auteurixes comme particulièrement politiques.

La première édition est située dans un terrain géographique précis, la Suisse romande, afin qu’on puisse y reconnaître un contexte sociopolitique commun, des zones de lutte partagées, une actualité mutuelle, un tissu temporel cohérent. Les textes se font naturellement écho : les noms de certaines places publiques, de certains lieux ou de certains collectifs reviennent ; certains événements, institutions ou logiques structurelles sont décrits depuis plusieurs points de vue. Les autres collectifs éditoriaux, en Italie comme en Suisse alémanique construiront leur propre terrain géographique.

Centré sur l’expérience de l’action politique radicale, Nous sommes partout ne se structure pas autour de perspectives idéologiques prédéfinies. Cela dit, par souci d’accueillir des voix, des idées et des modes d’action peu présents dans l’interdiscours dominant, un certain environnement conceptuel s’impose de lui-même. On peut essayer de le saisir par la constellation d’adjectifs utilisés par les contributeurixes pour se décrire : non institutionnel, radical, libertaire, intersectionnel, anticapitaliste, antifasciste, antiétatique. Nous sommes partout essaie d’éviter les étiquettes, car les mots désignent des réalités différentes selon les histoires individuelles, les imaginaires, les villes, les pays, les terrains, les idéologies ou les vocabulaires de référence. Le groupe éditorial n’établit pas de bornes idéologiques stables dans lesquelles chaque contributeurixe serait contrainxte de se reconnaître en participant au projet (touxtes peuvent d’ailleurs retirer leur texte à tout moment de la base de données, et donc des futures éditions imprimées).

Formats

Concrètement, les textes circulent sous trois formes : une base de paroles données, des livres et des sessions d’écoute-lecture publiques et participatives.

La base de données (noussommespartout.org) est en augmentation constante, au fil de l’arrivage des contributions. Tous les textes y sont disponibles gratuitement, en ligne et dans leur intégralité, et tous peuvent également être téléchargés individuellement dans des formats facilitant leur impression et leur diffusion en brochures. La base de données centralise l’ensemble des textes issus des différentes versions linguistiques et géographiques de Nous sommes partout.

Les livres sont des boîtes noires, des sauvegardes de la base de données, orientées autour de territoires précis. Ils sont imprimés au prix le plus bas possible et nous avons fait le choix de leur ouvrir le circuit de diffusion traditionnel (librairies, vente numérique, etc.) pour privilégier leur circulation et leur visibilité. Ni les collectifs éditoriaux ni la maison d’édition Abrüpt n’engrangent de bénéfices sur les ventes.

Les sessions d’écoute-lectures publiques ont lieu dans des environnements institutionnels et non institutionnels. La pratique de la lecture collective a une histoire riche et plurielle, protéiforme selon les contextes et les usages. Ces sessions sont inspirées de « l’arpentage », une technique développée dans les luttes, notamment ouvrières, pour pallier le manque de temps disponible pour l’éducation législative et politique. Une session d’arpentage fait appel à l’intelligence collective : on prend un livre, on arrache chaque chapitre et on se les partage. Chacunex lit les pages qu’iel tient entre ses mains puis, dans un deuxième temps, on résume collectivement ce qu’on a lu.

Les lectures de Nous sommes partout adoptent une forme performative simple. Les spectateurixes sont conviéexs à une session d’écoute-lecture pendant laquelle iels donnent voix aux textes collectés, accessibles à touxtes sous la forme de chapitres déchirés. Les lectures dans les espaces institutionnels sont le cœur de l’interface matériel du projet, puisqu’elles permettent de lever les fonds qui seront partagés avec les auteurixes.

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