nous sommes partout

nous sommes partout

Survivre dans un black bloc

…nous sommes partout, même dans le vide
…patience, patience… ça charge

[…] les Black Blocs sont les meilleurs philosophes politiques du moment.

— Nicolas Tavaglione, Le Courrier, Genève, 2003[^36]

Voilà vingt ans qu’on annonce la mort du black black bloc° et vingt ans qu’il réapparaît, partout autour du monde, y compris en Suisse. Il renaît parce qu’il est à l’image de notre époque. Avec l’essor de la surveillance de masse, la militarisation croissante des polices et la coupure toujours plus visible entre le peuple et les élites qui s’autolégitiment par les urnes, tout mouvement de transformation sociale un peu significatif semble exiger l’anonymat, la confrontation violente avec les autorités1 et une mise en scène de soi en pleine position de pouvoir sur la ville.

Avec la crise globale du capitalisme mondialisé et les prémices de la crise écosociale qui s’annonce, les stratégies du bloc sont de plus en plus adoptées, notamment dans des pays et des contextes culturels où elles constituent une nouveauté. Ces stratégies se sont développées dans un environnement résolument hostile. Souvent clandestines, elles sont cantonnées à des contre-médias°, sans véritable organisation ni partage de savoir ouvert, contre une structure de pouvoir stable et sans recevoir beaucoup de soutien des mouvements sociaux pacifistes comme du reste de la population. Et c’est pourtant bien ce « reste de la population » qui ne cesse de rejoindre les formes les plus radicales de présence urbaine, les rangs du black bloc.

Ce texte mélange l’expérience suisse romande avec certains éléments de Défense du black bloc (2010) par Harsha Walia, militante antiraciste, et de Les black blocs, la liberté et l’égalité se manifestent (2016) par Francis Dupuis-Déri, théoricien et militant anarchiste.

Survivre en théorie

À quoi sert un bloc radical ? Eh bah, à plusieurs trucs :

— il constitue une tactique, qui peut être efficace ou non, mais dont la légitimité n’a pas à être discutée pour elle-même.

— dans son principe, il est au service de l’idée qu’on est un seul groupe anonyme, et en pratique, il permet à touxtes d’avoir une possibilité de manifester en échappant à la surveillance d’État, d’éviter un fichage qui les poursuivra parfois toute leur vie.

— très souvent, le bloc permet de désarrêter° des personnes aux mains de la police en déconcentrant, en surprenant et en adoptant une attitude offensive. Le bloc est l’une des meilleures formes que prend l’expression « on ne laisse personne derrière ».

— il brise la ritualisation de la désobéissance et de la contestation, qui tend à obéir à la gestion de l’espace autorisé, et à rester dans les limites des conventions supposément démocratiques (manifestations, sit-in°, pétitions, etc.)2.

Survivre aux critiques

On reproche souvent au bloc radical d’ouvrir grand la porte aux policiers-agitateurs, qui s’habillent en manifestants et perpétuent des casses inutiles (en attaquant des cibles incohérentes, comme des petits magasins et non des grandes banques) ou piègent d’autres manifestanxtes. Le reproche ne tient pas, l’histoire des luttes sociales montre que ces agitateurs ont toujours été là et que les policiers se déguisent très souvent en journalistes ou en manifestanxtes à visage découvert.

On lui reproche beaucoup d’être inefficace, et c’est souvent vrai, mais on s’intéresse trop peu à l’inefficacité d’autres tactiques, comme le fait d’interpeller continuellement des politiciennexs avec des pancartes. Pourtant, le bloc concentre l’essentiel des discours sur « l’inefficacité », ce qui signifie que l’ordre du débat relève avant tout d’une intériorisation des systèmes de valeurs dominants relatifs à la représentation de la propriété privée et de la violence.

On reproche souvent au bloc sa violence. Mais l’on pourra toujours répondre qu’il existe trois sortes de violence. D’abord la violence première, celle du capital, de l’extorsion, de l’exploitation, de la mise à mort, du racisme, du patriarcat. Ensuite, la violence défensive, qui n’existe que parce qu’elle réagit légitimement à la première. Enfin, la violence de la répression, qui se manifeste lorsque l’État veut s’assurer que la violence première puisse continuer de s’exercer. Quand on casse les vitrines de banques qui se font de l’argent grâce à des dictatures, des réseaux néocoloniaux, parfois même des génocides, et produisent à elles seules jusqu’à 20 fois plus d’émissions de CO~2~ que la population suisse tout entière, n’est-ce pas la violence défensive du vivant qui s’exprime ? Les cibles du bloc ne sont jamais choisies au hasard : Organisation Mondiale du Commerce, Fonds Monétaire International, G8, G20, WEFF, banques, assurances, multinationales. Il ne faut jamais oublier à qui le bloc essaie de faire peur. Et il ne faut pas oublier la puissance du dispositif policier. Quelques personnes avec des cailloux et des écharpes contre des soldats surentraînés dont l’équipement antiémeute coûte des dizaines de millions de francs. Qui défend la police ?

Il ne faut pas non plus oublier que la violence contestataire devient légitime et nécessaire aux yeux de l’essentiel de la population dès lors qu’on l’historicise, dès lors qu’elle devient une violence passée sur laquelle certaines avancées essentielles de notre monde se sont construites. En France, la décapitation du roi est un bon exemple et, aujourd’hui, Jeff Bezos est autrement plus puissant et oppressif que ne l’était Louis XVI. Les actions directes des grévistes, des suffragettes ou des Black Panthers, particulièrement violentes, ont mené à un monde plus féministe, moins raciste, un monde dans lequel on ne bosse plus 12 heures par jour, 360 jours par an. Et ces violences-là, ces violences d’hier, sont largement acceptées, sinon justifiées par la population. S’il est plus juste, plus antiraciste, plus féministe, plus écologique, notre futur justifiera la violence des black blocs d’aujourd’hui.

On reproche au bloc de diviser les luttes, mais l’expérience montre aussi qu’en guidant le discours public vers une division entre les gentillexs et les méchanxtes manifestanxtes, il tient la police occupée loin des initiatives communautaires ouvertes et alternatives, tout en forçant les médias à considérer positivement ces dernières (par opposition au bloc). Très souvent, presque toujours, les personnes qui participent aux blocs revendiquent la diversité des tactiques, défendent la nécessité d’une entraide communautaire et comprennent l’utilité de stratégies pacifistes et non violentes.

En revanche, les porte-parole des mouvements réformistes qui jouent le jeu et en profitent pour redorer leur blason dans la presse, en se désolidarisant du bloc, celleux-là ne font que renforcer la légitimation de la violence d’État. D’ailleurs, il n’est pas rare que les représentanxtes politiques émettent des sommations, des injonctions à condamner la violence. C’est un élément très important de la rhétorique politicienne pour pacifier et diviser les luttes.

Petite pièce de théâtre réelle qui montre un exemple de bonne réaction face à une injonction médiatique au pacifisme :

David Pujadas : On comprend bien sûr votre désarroi, mais est-ce que ça ne va pas trop loin ? est-ce que vous regrettez ces violences ?

Xavier Matthieu (délégué CGT de Continental) : Vous plaisantez j’espère ?

(Un moment d’interview.)

David Pujadas : Bon, on entend votre colère, mais est-ce que vous lancez un appel au calme ce soir ?

Xavier Matthieu : Je lance rien du tout. J’ai pas d’appel au calme à lancer. Les gens sont en colère et la colère faut qu’elle s’exprime. Qui sème la misère, récolte la colère.

(Journal télévisé de France 2, 21 avril 2009.)

On notera au passage que Pujadas appelle « désarroi » ce que ressentent des centaines de salariéexs licenciéexs par une multinationale qui affiche des bénéfices indécents cette année-là. En dénigrant les stratégies plus violentes, le discours médiatique renforce l’image publique d’un mouvement chaotique et divisé, alors qu’il faut construire l’image d’un mouvement cohérent acceptant des tactiques plurielles3. Plus certaines formes d’actions seront marginalisées par les médias, les politiques et les autres mouvements, plus la police pourra se permettre de les réprimer violemment.

On reproche souvent au bloc de constituer une minorité isolée. Or l’histoire des luttes repose fondamentalement sur le recours à l’action directe° par des petits groupes. C’est ce qu’il s’est passé pendant les grèves suisses de 1917 par exemple. L’action directe émerge quand les gens se défendent. S’il fallait toujours attendre que des millions de personnes se mobilisent simultanément ou que les politiciennexs écoutent les revendications des collectifs militants et des syndicats, nous vivrions aujourd’hui dans un monde bien pire. En tant que tactique, on pourrait même refuser l’argument de la « minorité radicale », puisqu’il y a en réalité un continuum entre les revendications émancipatrices et l’action du bloc : en pratique, un green bloc° porte souvent les mêmes revendications que des mouvements pacifistes, comme la Grève du Climat en Suisse.

On reproche aux black blocs leur seule envie de casser : les opposanxtes les appellent d’ailleurs les « casseurs », on les dépolitise. On les caractérise par « une folie destructrice apparemment sans raison […] sans aucune motivation politique ou idéologique4 ». Le contre-argument principal se situe sur les banderoles présentes dans les black blocs et sur la sélectivité des cibles vandalisées.

On reproche souvent au bloc de légitimer et de renforcer la brutalité de l’État policier. Si ce genre d’argument peut être utilisé, alors autant abandonner d’emblée toute idée de descendre dans les rues ensemble : l’État policier se justifie lui-même. Dès qu’une revendication prend suffisamment d’ampleur, tout le dispositif répressif s’active, et dans toutes les situations. Depuis quand tenons-nous nos alliéexs pour responsable de l’augmentation croissante des violences policières ?

On reproche souvent au bloc de délégitimer les mouvements et de leur faire perdre toute crédibilité aux yeux des médias dominants. Même logique : depuis quand les médias dominants sont-ils du côté des luttes sociales ?

En résumé, il n’y a aucune raison d’idéaliser le black bloc, qui n’est qu’une tactique comme une autre (pas toujours pertinente et efficace), mais le problème, c’est que la majorité des arguments qui s’y opposent relèvent essentiellement d’a priori ayant largement intériorisé des valeurs dominantes et oppressives (le respect de la propriété privée, la présentabilité, la responsabilité administrative, la légitimité aux yeux des médias de masse, etc.).

Survivre aux lacrymos

La police antiémeute suisse recourt plus souvent aux fumées lacrymogènes pour disperser les énormes manifestations, souvent festives. D’expérience, elle semble plus encline à l’usage de flash-balls ou de canons à eau lorsqu’il s’agit de disperser de petits groupes organisés.

Les lacrymos, ça arrive, mais on peut s’y préparer :

  • ne panique pas, c’est horrible, mais ça passe en 10 à 15 minutes, ça ira mieux quand tu seras au chaud, avec un thé et un câlin.
  • si tu as des nausées sur le moment, elles passeront.
  • si tu as des crampes ou des spasmes sur le moment, ou si tu as une gêne respiratoire qui persiste après une heure, va consulter unex médecin.
  • si tu attends un enfant et que tu es exposéex à du gaz lacrymogène, il faut aussi aller voir unex médecin.
  • produire un excès de sécrétions (salive, morve) est un réflexe biologique de défense, n’hésite pas à te moucher et à cracher autant que possible, autrement, tu peux vite avoir le sentiment de te noyer dans tes miasmes.
  • essaie d’enrouler ta bouche et ton nez dans une écharpe mouillée (y compris sous une cagoule), si elle est mouillée de transpiration, ça peut marcher aussi. Assure-toi de toujours avoir de l’eau dans ton sac.
  • protège ton cuir chevelu, le gaz lacrymogène s’infiltre dans les pores.
  • de manière générale, moins ta peau est exposée, moins le gaz sera agressif.
  • évite de te raser toute partie du corps exposée (y compris le visage) juste avant une manifestation, le gaz irrite beaucoup les pores à vif.
  • touche tes yeux le moins possible.
  • n’oublie pas tes lunettes de piscine.
  • apporte du sérum physiologique en quantité dans ton sac (ça s’achète en pharmacie sans ordonnance et c’est pas très cher).
  • si possible, privilégie les lunettes aux lentilles, même si c’est parfois galère sous une cagoule. Le contact avec le gaz risque de les faire fondre. Si t’as quand même tes lentilles, dès que la moindre particule de lacrymo se pointe à l’horizon, dépêche-toi de les enlever avant d’avoir du gaz plein les doigts et enfile tes lunettes. Si tu te retrouves avec du lacrymo sur les lentilles, remplis tes yeux et tes mains de sérum physiologique, enlève tes lentilles, et nettoie encore.
  • sur le coup, tu peux aussi essayer d’arrêter les lacrymos, mais attention, cela implique de se rapprocher du gaz. Il y a deux approches.
    1. Prendre une raquette de tennis, ou tout objet long et élastique, puis renvoyer la grenade d’un coup sec (en visant l’envoyeur, bien sûr).
    2. Une bombe lacrymogène émet du gaz sur la base d’une explosion pyrotechnique. En gros, quelque chose brûle à l’intérieur, et tant que ça brûle, du gaz sort. Tu peux donc essayer de l’éteindre comme tu éteindrais un feu (tu peux aussi allumer des feux5), par exemple en posant un cône de chantier par-dessus et en versant beaucoup d’eau par l’ouverture supérieure (peu efficace, car cela demande beaucoup d’eau et qu’on en a rarement en grande quantité sous la main), ou plus simplement en posant par-dessus un carton, voire en jetant la grenade dans un conteneur poubelle (qu’il faut refermer bien sûr). Aujourd’hui, plusieurs modèles sont waterproofs et l’astuce risque de ne pas marcher.
  • finalement, une fois rentréex à la maison, limite au maximum le contact entre tes vêtements et ton intérieur (les particules des lacrymos peuvent rester actives jusqu’à cinq jours) et prend une douche froide d’environ 20 minutes, elle réduira l’irritation au minimum.

Survivre à la répression policière

  • d’abord, et c’est le plus important, tu peux exposer les autres à la répression, alors RÉFLÉCHIS au mouvement que tu viens agiter : si c’est pour mettre en danger des personnes déjà particulièrement vulnérables face à la répression (dans un mouvement de lutte des sans-papièrexs par exemple), autant rester chez toi. Les luttes du travail et/ou écologiques sont souvent plus propices à des actions radicales et autonomes.
  • de manière générale, ne débarque jamais à une manifestation équipéex comme ces gens cools sur les photos, avec tout ton matos sur toi. Déjà, parce que tu auras pas l’air malinex dans le métro, ensuite parce que si tu es identifiable, la police ne va pas te tirer dessus ou te gazer, elle va très probablement juste t’encercler et t’arrêter. Pour y échapper, mieux vaut être mobile et bien se fondre dans la masse.
  • ne te lance jamais seulex, viens toujours accompagnéex d’un groupe avec qui tu as des affinités et essaie de ne jamais le perdre de vue. Pour se déplacer ensemble à travers une foule, toujours se tenir la main. Si tu ne connais pas un groupe, viens au moins avec une personne « binôme » pour pouvoir veiller mutuellement l’unex sur l’autre.
  • agis toujours au début ou au milieu d’un mouvement de masse, jamais à la fin. D’abord pour donner un ton à la journée (qui va souvent se radicaliser si elle est agitée dès le départ) et surtout pour éviter de se retrouver isoléexs en fin de journée. La police est beaucoup plus violente quand il n’y a plus un grand nombre de « gentillexs » citoyennexs pour les regarder.
  • le moment du masquage est crucial et c’est une question difficile : trop tard, tu risques d’être identifiéex, trop tôt, tu risques de te faire attraper. Des petits groupes masqués qui se promènent isolés avant un événement sont des cibles idéales. Dans les grandes manifs, le mieux est de se fondre dans la masse, avec des gens autour de toi en qui tu as confiance, pour rejoindre un point de rendez-vous et se masquer.
  • prépare plusieurs couches de vêtements pour te changer en cours de route, et te rechanger avant de partir.
  • essaie d’être toujours en lien avec une éclaireuxse (une personne qui a envie de prendre moins de risque), qui tourne autour du bloc pour le prévenir des mouvements de masse de la police.
  • essaie de maintenir un bloc compact, pour éviter que des petits groupes de flics ne se glissent pour saisir une personne en particulier. De grandes bannières renforcées à l’avant et sur les flancs sont utiles aussi pour éviter ce genre d’interpellation. Attention, il faut être plusieurs pour les tenir.
  • utilise un surnom d’un jour, dans le groupe, pour éviter de s’adresser les unexs aux autres par des identités connues.
  • communique en respectant les règles de sécurité numérique, notamment si tu as besoin d’un canal de discussion sur smartphone6. Sortir sans smartphone est toujours plus prudent.
  • une banderole ou une pancarte peut efficacement dissimuler un bouclier plus solide.
  • les protections de sport (tibias, genouillères, etc.), ça peut servir.
  • les lampes torches, ou même les lasers de loisir, ça peut aveugler.
  • le plus souvent, la police disperse (avec du gaz, des flash-balls, etc.) quand elle n’est pas préparée pour effectuer des arrestations. Une fois prête, elle va probablement charger, en ligne et par vagues successives (en avançant, puis en reculant). La première stratégie est généralement d’effectuer quelques arrestations individuelles violentes pour impressionner et décourager les autres manifestanxtes. Si la foule est compacte, elle va probablement garder ses distances. Si la foule a l’air évasive, chaotique ou passive, la police va essayer de former des lignes pour découper la masse et isoler des plus petits groupes, qu’elle pourra alors encercler (c’est ce qu’on appelle une « nasse° »).
  • si tu te fais prendre par la police, garde à l’esprit que même le plus petit réflexe d’autodéfense de ta part peut considérablement aggraver les charges (assaut sur agent). Une bonne méthode est de devenir instantanément un poids mort, en arrêtant tout mouvement. Cela limite les charges et complique souvent le travail des flics.
  • à la fin de l’action, le dernier challenge, c’est de s’en sortir tranquillement. Les couches de vêtements sont bien utiles : trouve un endroit tranquille pour te changer, pourquoi pas au milieu de la foule ou dans une rue parallèle, mais toujours en vérifiant la présence de caméras. Si tu ne connais pas la ville, n’hésite pas à suivre les groupes de gens qui s’enfuient, ou à t’installer dans un café en attendant que le temps passe. Mieux vaut dissoudre le groupe et rester en binôme.
  • prépare-toi bien aux aspects juridiques de la répression. Pars en manif avec un numéro d’avocat appris par cœur, ou écrit sur ton bras, et consulte un bon guide d’antirépression écrit par des militanxtes de ton pays, si possible un guide récent (les lois changent vite). Ces guides aident par exemple à comprendre ce que tu peux dire ou ne pas dire pendant une garde à vue, etc.
  • et puis la règle absolue de l’action directe : arrête quand tout va encore bien, n’abuse pas et économise-toi pour la prochaine.

Survivre en conclusion

L’émeute n’est pas un projet politique, elle ne doit jamais le devenir, elle n’est qu’une forme de contestation (d’ailleurs, dans l’histoire, il y a même eu des émeutes policières). En gardant à l’esprit qu’on agit ainsi parce qu’on ne nous laisse pas le choix de la violence, on reste concentréexs sur ce qui importe : construire un monde bienveillant et fait de care° mutuel. Le reste est accessoire et tactique. Parfois c’est un exutoire, parfois c’est une réparation, mais l’expérience du bloc nous rappelle toujours ce qui compte vraiment : être ensemble, résister, s’aimer et ne pas abandonner le rêve d’un monde moins pire7.


  1. Lire Drones [no 1] pour un récit critique de cette confrontation. 

  2. Kill the hippie in your head [no 48] raconte une déconstruction progressive de la non-violence. 

  3. Faudrait pas que notre révolution ait l’air trop révolutionnaire [no 44], une discussion critique à l’interne d’un grand mouvement pacifiste, offre des éclairages sur cette question. 

  4. Office fédéral de la police, Département fédéral de Justice et Police, Service d’analyse et de prévention, « Le potentiel de violence résidant dans le mouvement antimondialisation », Berne, juillet 2001. 

  5. On trouvera dans L’usure ordinaire [no 6] d’autres usages des feux en manifestation. 

  6. Camouflage dans l’infosphère [no 40] présente quelques éléments pratiques de sécurité numérique. 

  7. Lire Lendemains [no 3] pour se préparer à affronter la ville le jour d’après. 

Sommaire