Ça doit t’arriver, de te dire que tu n’es pas assez capable, pas assez compétenxte, que ce que tu sais faire, ce que tu as appris à faire, ce que tu aimes faire, ce que tu fais ne peut pas servir aux luttes qui t’entourent et auxquelles tu aimerais participer.
Mais la lutte a besoin de tout et de tout le monde.
Alors, tu sais faire quoi ?
Si tu sais faire du graphisme, tu peux créer des affiches pour des collectifs.
Si tu sais souder du métal, tu peux renforcer des barrières qui protègent les lieux autogérés et construire des barricades du futur.
Si tu sais utiliser les réseaux sociaux, tu peux faire circuler au maximum les appels à mobilisation.
Si tu sais réparer de l’électronique, tu peux bidouiller les ordinateurs pour limiter la surveillance.
Si tu sais coudre, tu peux fabriquer des belles banderoles et des belles cagoules pour les manifs.
Si tu sais imprimer et relier, tu peux fabriquer des brochures ou des livres contestataires pour les infokiosques° permanents ou les infokiosques éphémères de manifs.
Si tu sais lire, tu peux t’informer, te politiser.
Si tu sais prendre la parole en public, tu peux penser à parfois la laisser aux autres.
Si tu sais faire de la chirurgie, tu peux aider celleux que la domination abîme, tu peux aider des personnes à transitionner°.
Si tu sais faire de la plomberie, tu peux entretenir les canalisations des centres sociaux, des refuges, des squats ou fabriquer des systèmes de récupération d’eau de pluie.
Si tu sais faire à manger, tu peux organiser des cantines populaires dans ton quartier ou faire à manger pour les fins de manifs1.
Si tu sais appliquer les premiers soins, tu peux devenir street medic°.
Si tu sais parler plusieurs langues, tu peux servir d’interprète pour celleux qui en ont besoin, traduire des documents administratifs et écrire des lettres pour celleux qui subissent les oppressions bureaucratiques de l’État.
Si tu sais travailler le bois, tu peux construire un mirador pour une ZAD°, une terrasse pour un centre autogéré, des meubles pour un abri.
Si tu sais conduire, tu peux faire chauffeureuxse pour des récups dans les poubelles des supermarchés.
Si tu sais faire du pain, tu peux en distribuer pour faire tenir les blocages ou les vendre au marché pour aider à payer des amendes.
Si tu sais écrire de la poésie, tu peux créer des slogans pour les manifs, pour des collages ou écrire des textes sur les panneaux publicitaires.
Si tu sais faire de la musique, tu peux rejoindre une fanfare militante.
Si t’es banquier, tu peux faire la vaisselle à la fin des réunions.
Si tu sais broder, tu peux remplacer tous les logos des t-shirts de tes potes par des dessins ou des messages anticapitalistes.
Si tu sais réparer des vélos, tu peux lancer un atelier de réparation collectif pour qu’il y ait un maximum de monde à la prochaine Critical mass° près de chez toi.
Si t’as de la voix, tu peux venir à la prochaine manif et gueuler très fort.
Si tu sais filmer, tu peux commencer à pratiquer le copwatch° systématiquement quand tu vois une personne se faire interpeller2.
Si tu sais faire du son, tu peux lancer une radio (pirate) pour faire entendre les voix de celleux qu’on n’entend pas.
Si tu sais couper les cheveux, tu peux faire des coupes gratuites pour les plus précariséexs.
Si tu connais la loi, tu peux faire du conseil juridique ou des défenses lors de procès de militanxtes attaquéexs ou de personnes précarisées.
Si t’es chimiste, tu peux développer une formule pour un cocktail molotov bio et écolo3.
Si t’es policier, tu peux démissionner4.
Si tu aimes la randonnée, tu peux faire de la cueillette et redistribuer ta récolte.
Si tu sais faire de la boxe et que t’es pas un mec cis°, tu peux organiser un cours d’autodéfense en mixité choisie°.
Si t’as de la thune, tu peux soutenir les luttes de ta région.
Si tu sais faire de la danse, tu peux aider celleux qui ne sont pas à l’aise avec leur corps.
Si tu sais tricoter, tu peux faire des chaussettes et des gants pour celleux qui ont froid.
Si tu sais faire quoi que ce soit, tu peux créer un atelier pour partager tes compétences avec les autres.
Si tu sais faire des massages, tu peux installer un stand lors d’événements militants pour faire du care°, pour soigner les militanxtes fatiguéexs.
Si tu penses vraiment que tu ne sais rien faire, c’est pas grave, viens quand même.
Pour voir à quoi ressemble une semaine type d’une cantine autogérée, lire Le Grand Midi [no 47]. ↑
Sur le copwatching, lire Surveiller la surveillance [no 55]. Pour écouter plusieurs membres d’un collectif de copwatch suisse romand discuter de leurs expériences, lire Spectacle nulle part. Care partout [no 23]. ↑
Piraterie ordinaire [no 38] et Le compost généralisé [no 41] décrivent des tentatives allant dans cette direction. ↑
Si tu veux savoir pourquoi, tu peux lire Jean Dutoit en lutte [no 13] ; Vous détruisez une Spyre, on en reconstruira plein [no 18] ; Drones [no 1] ; Kill the hippie in your head [no 48] ; Spectacle nulle part. Care partout [no 23]; Surveiller la surveillance [no 55] ; Faudrait pas que notre révolution ait l’air trop révolutionnaire [no 44] ; Survivre dans un black bloc [no 15] ; They don’t see us [no 4] ; Brisons l’isolement [no 39] ; Swiss made prison system [no 53] ; Abolir la prison, abolir le patriarcat [no 33] et Arrêtons de « défendre » [no 28]. ↑